J’ai rencontré Henri MITTON, pour la première fois, au « Lucernaire ». C’était après un spectacle de Fernando ARRABAL ou de Boris VIAN que je venais de présenter.
Dans le brouhaha de la foule, ses mots et ses compliments, légèrement détimbrés, comme hésitants, me parvenaient à peine. En fait, jeune auteur, déjà joué par Sylvie JOLY, à Paris, et par Franca VALERI, à Rome, Henri MITTON venait aussi de connaitre un franc succès avec « Pas un navire à l’horizon » monté par Claude CONFORTES. MITTON gardait une sorte de réserve. Choses rares chez un auteur.
Par la suite, ayant lu certaines de ses pièces, cette impression se confirma. Loin de montrer une dérisoire assurance ou la redondance de l’auteur en quête d’un théâtre, il gardait pour ses personnages de théâtre la stupidité provocante, la pose. Il agrémentait le tout de son humour noir et montrait une rare subtilité, un sens de l’observation de ses contemporains, très décapant. En effet, sa façon de critiquer les travers de la société contemporaine était celle d’une sorte de moraliste, jonglant adroitement avec le rire et l’amertume amusée.
Pour ma part, restant toujours aux aguets de textes inédits et traitant les thèmes cruels ou humoristiques de notre époque, un beau matin, Henri MITTON m’apporta « Donnez-moi signe de vie ». C’était un titre prédestiné. Dans les 48 heures la décision était prise. Nous allions monter sa nouvelle pièce.
Georges Vitaly